Alors que les nouveaux gouvernements tentent de se mettre en place, nombreux sont ceux qui lancent des chiffres alarmants sur les difficultés de nos entreprises.
La première constatation à faire est que les nouveaux entrepreneurs sont toujours au rendez-vous. Il y a déjà aujourd’hui, alors que les chiffres ne sont pas stabilisés, plus de 97.000 nouvelles activités de créées. C’est 2.400 de plus que l’année passée à la même époque.
Les secteurs en forme sont dirigés vers le service :
Aménagements paysagers : 2.316 (+ 145),
activités artistiques : 1.955 (+140) et
les autres services personnels : 4.379 (+72).
La seule activité industrielle en croissance est la fabrication de produits en caoutchouc et en plastique, avec 56 nouvelles activités (+24). Toutes les autres industries sont en panne d’attractivité.
On notera aussi la grosse perte d’attractivité du secteur du bâtiment :
la construction attire 606 entrepreneurs de moins que l’année passée (avec 2.462 starters quand même) et
les travaux spécialisés font 913 de moins (7.113).
Les architectes sont à -410 (1.667).
Au niveau régional, c’est Bruxelles qui tire les statistiques vers le haut avec 12.640 nouvelles entreprises (+2.540). Les entreprises internationales sont de retour en force 6.070 (+ 1.440). La Région wallonne perd 460 starters et la Région flamande en perd 2.000, mais reste la région la plus dynamique, avec plus de 55.000 unités et presque 57% du total du pays.
Du côté des arrêts d’activités, les choses se calment un peu. Il y en a 2.400 de moins que l’année passée.
C’est surtout en Wallonie qu’il y en a moins (-1.750) qu’en 2023, tandis que la Flandre fait pratiquement jeu égal (-200).
Les indépendants forment le gros des troupes, avec plus de 51.000 cessations. Ce n’est pas anormal. Quand ils arrêtent, leur n° d’entreprise est stoppé, alors qu’une personne morale peut être reprise par une nouvelle génération. De plus, nous connaissons un départ massif à la retraite des baby-boomers, qui n’est pas prêt de s’arrêter.
Du côté des faillites, les chiffres sont contrastés
Avec 8.515 jugements, l’augmentation par rapport à l’année passée est significative (+650). Hors associés emmenés dans la faillite de leur entreprise, cela donne 8.150 entreprises défaillantes. C’est encore 200 unités de moins qu’en 2019 alors que la population des entreprises ne fait qu’augmenter.
Ce mois de septembre est par contre le plus lourd de l’année, avec 1.195 jugements. Après l’accalmie estivale, 58% des jugements sont prononcés sur assignation.
Les chiffres de la Région flamande continuent de battre des records : avec 4.700 faillites sur 9 mois, soit 350 de plus qu’en 2023. La plus retentissante est celle de Van Hool, mais quelques autres grosses entreprises (Esprit, BBK Expansion, …) ont fait faillite cette année, de sorte que les pertes d’emplois sont 17% supérieures cette année qu’en 2023 et 50% de plus qu’en 2022.
Les chiffres restent bas à Bruxelles (1.363), soit presque 950 ( !) de moins qu’en 2019.
En Wallonie, l’évolution est contenue, avec 2.065 faillites. Mais le cap des 2.000 est franchi à nouveau, ce qui n’était pas arrivé depuis 2019.
C’est le secteur de la construction qui souffre le plus, avec 1.970 jugements, soit 350 de plus que l’année passée. Le commerce de gros et de détail n’est pas en grande forme non plus, avec 1.700 faillites (+ 170).
En marge de ces jugements, il y a aussi les dissolutions judiciaires, qui restent peu nombreuses en septembre (154 contre une moyenne de 500 par mois normalement). On n’atteindra pas les 6.000 de l’année passée. Il faut dire que la principale raison de ce type de jugement vient des retards aggravés de publications de comptes annuels. Or la Banque Carrefour des Entreprises (notre BCE à nous) procède maintenant à des radiations administratives quand c’est le cas. Cela fait réagir les entreprises et il y en a donc moins pour le juge.
En conclusion
On voit maintenant clairement que le secteur industriel ne se renforce pas dans le pays. Les 2 gouvernements régionaux en place aujourd’hui semblent vouloir prendre le taureau par les cornes. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Ce ne sont pas les aides ni les bonnes intentions qui vont rétablir les choses. Il faut que l’activité soit compétitive pour qu’elle redevienne attractive et ce n’est pas gagné.
Par contre, les secteurs à faible valeur ajoutée, comme l’horeca, ou qui ont besoin d’une fiscalité favorable (la construction), voire d’une envie de consommer (le commerce) paient directement le prix d’une conjoncture incertaine et d’un pouvoir d’achat fragile.
On nous promet une indexation des salaires de 3,5% en janvier. Le consommateur sera soulagé. Mais les entreprises qui vont supporter ce surcoût ne vont pas améliorer leur position concurrentielle. Les plus grandes d’entre elles risquent même « d’ajuster » la variable pour la préserver.
Comme à chaque fois, à suivre donc.
-Pascal Flisch, Research & Development Manager Trends Business Information
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